Les bureaux
Avant de s’installer, au printemps 1930, dans sa maison du Paraïs, Giono occupe à Manosque plusieurs appartements successifs, dont la modestie ne lui permet pas de disposer d’une pièce à usage exclusif de bureau. Il lui arrive même d’écrire dans les locaux de la banque qui l’emploie, des formulaires bancaires lui servant à l’occasion de support d’écriture. C’est donc dans un relatif inconfort qu’il rédige ses premières proses poétiques et quatre romans jusqu’à Regain. Au Paraïs, il aménage son premier bureau dans une petite chambre située au-dessus de la cuisine de sa nouvelle demeure. Encore lui faut-il la partager avec la grand-mère d’Élise Giono, qui vit sous le toit familial. Malgré sa bonne entente avec l’aïeule de son épouse, Giono ressent le besoin de disposer d’un espace exclusivement dédié à l’écriture. Pendant les quarante années qu’il va passer au Paraïs, jusqu’à sa mort en 1970, il déplacera régulièrement son bureau dans la maison, aménageant successivement différentes pièces à cet usage.
En 1932, il fait édifier, à l’écart du logis principal, un petit pavillon où il écrit Le Chant du monde et Que ma joie demeure. En juillet 1935, après la construction d’une aile reliant la maison d’habitation au pavillon de 1932, l’écrivain s’installe au second étage du nouveau bâtiment. Par les deux fenêtres de la petite pièce blanche qui lui sert de bureau, il jouit d’une « vue admirable » sur Manosque d’un côté ; sur la vallée de la Durance et le plateau de Valensole de l’autre, d’où le nom de « Phare » donné à ce bureau qu’il veut « le plus nu possible » et compare dans son Journal à une « cellule » de moine. Il bénéficie là de « dix fois plus de calme qu’en bas » et retrouve, à la faveur de cette situation en retrait de la vie domestique dans les hauteurs de la maison, « l’atmosphère de l’atelier de [son] père », également situé au second étage de sa maison d’enfance. Bien qu’en hiver il y fasse si froid que l’encre gèle, « le Phare » restera le bureau de Giono pendant les treize années qui correspondent à la période des essais pacifistes et de Batailles dans la montagne, puis à celle de la guerre et de l’Occupation.
Au printemps 1948, changement de décor et d’atmosphère : Giono ne quitte pas le second étage, mais revient dans les emprises de la maison d’origine, dont il fait aménager le grenier en bureau. À l’austérité monacale et à la blancheur du « Phare », succède le cadre chaleureux d’une pièce où domine le rouge et d’où se dégage un sentiment de « volupté intellectuelle ». De sa table de travail, qui tourne délibérément le dos à la ville, Giono peut contempler les oliviers du Mont d’Or à travers la fenêtre qui lui fait face. C’est dans ce bureau, celui où il sera resté le plus longtemps – seize ans – qu’il écrit la suite de ses « Chroniques romanesques » à partir des Âmes fortes, achève Le Hussard sur le toit, rédige Le Bonheur fou et Le Désastre de Pavie. À partir de 1964, son état de santé lui rendant de plus en plus difficile l’accès au second étage, il fait réaménager, au rez-de-chaussée de la maison, son bureau de 1932, devenu entre temps le boudoir de son épouse. C’est là qu’il achèvera son œuvre.
À chaque changement de bureau, les livres de ses auteurs d’élection, les œuvres et objets d’art les plus appréciés le suivent, ainsi que ses manuscrits qu’il aime avoir toujours à portée de main. Où qu’il se situe dans la maison, le bureau est ouvert sans réserves à la famille, aux amis, aux visiteurs. Giono a très souvent été photographié et filmé dans ses différents bureaux, qui sont ainsi devenus familiers au public, à ses lecteurs et à ses admirateurs. Ils sont intimement liés à l’image que l’écrivain a donnée de lui-même et au souvenir qu’il a laissé dans les mémoires.
En 1932, il fait édifier, à l’écart du logis principal, un petit pavillon où il écrit Le Chant du monde et Que ma joie demeure. En juillet 1935, après la construction d’une aile reliant la maison d’habitation au pavillon de 1932, l’écrivain s’installe au second étage du nouveau bâtiment. Par les deux fenêtres de la petite pièce blanche qui lui sert de bureau, il jouit d’une « vue admirable » sur Manosque d’un côté ; sur la vallée de la Durance et le plateau de Valensole de l’autre, d’où le nom de « Phare » donné à ce bureau qu’il veut « le plus nu possible » et compare dans son Journal à une « cellule » de moine. Il bénéficie là de « dix fois plus de calme qu’en bas » et retrouve, à la faveur de cette situation en retrait de la vie domestique dans les hauteurs de la maison, « l’atmosphère de l’atelier de [son] père », également situé au second étage de sa maison d’enfance. Bien qu’en hiver il y fasse si froid que l’encre gèle, « le Phare » restera le bureau de Giono pendant les treize années qui correspondent à la période des essais pacifistes et de Batailles dans la montagne, puis à celle de la guerre et de l’Occupation.
Au printemps 1948, changement de décor et d’atmosphère : Giono ne quitte pas le second étage, mais revient dans les emprises de la maison d’origine, dont il fait aménager le grenier en bureau. À l’austérité monacale et à la blancheur du « Phare », succède le cadre chaleureux d’une pièce où domine le rouge et d’où se dégage un sentiment de « volupté intellectuelle ». De sa table de travail, qui tourne délibérément le dos à la ville, Giono peut contempler les oliviers du Mont d’Or à travers la fenêtre qui lui fait face. C’est dans ce bureau, celui où il sera resté le plus longtemps – seize ans – qu’il écrit la suite de ses « Chroniques romanesques » à partir des Âmes fortes, achève Le Hussard sur le toit, rédige Le Bonheur fou et Le Désastre de Pavie. À partir de 1964, son état de santé lui rendant de plus en plus difficile l’accès au second étage, il fait réaménager, au rez-de-chaussée de la maison, son bureau de 1932, devenu entre temps le boudoir de son épouse. C’est là qu’il achèvera son œuvre.
À chaque changement de bureau, les livres de ses auteurs d’élection, les œuvres et objets d’art les plus appréciés le suivent, ainsi que ses manuscrits qu’il aime avoir toujours à portée de main. Où qu’il se situe dans la maison, le bureau est ouvert sans réserves à la famille, aux amis, aux visiteurs. Giono a très souvent été photographié et filmé dans ses différents bureaux, qui sont ainsi devenus familiers au public, à ses lecteurs et à ses admirateurs. Ils sont intimement liés à l’image que l’écrivain a donnée de lui-même et au souvenir qu’il a laissé dans les mémoires.